Maisons La Roche et Jeanneret, 1923

Les Maisons La Roche et Jeanneret sont deux maisons mitoyennes sur lesquelles se referme une impasse verdoyante du XVI^e arrondissement de Paris. Elles ont été conçues comme un ensemble architectural unique mais elles ne relèvent pas du même programme : la Maison La Roche est celle d’un riche collectionneur célibataire, tandis que la Maison Jeanneret répond aux besoins d’un couple avec trois enfants.
Conçues au moment même où Le Corbusier publie Vers une architecture et trois ans après la publication du Manifeste du Purisme (1919), les Maisons La Roche et Jeanneret concrétisent la rencontre entre la peinture puriste et l’architecture moderne naissante.
La Maison La Roche est également un bâtiment précurseur sur le plan de l’innovation spatiale. Le Corbusier y révolutionne l’espace intérieur, développant ce qu’il appelle la « promenade architecturale », présentée aussi comme la quatrième dimension de l’espace : celle de l’espace/temps.
L’usage de la couleur, encore très rare en 1923 en dehors des expériences du mouvement De Stjil aux Pays-Bas, participe aussi de cette nouvelle perception de l’espace. Le Corbusier applique ici une polychromie architecturale issue des théories puristes.
Réunies en un seul et même ensemble architectural de formes géométriques pures dénuées de tout décor, les Maisons La Roche et Jeanneret constituent en 1923 une œuvre d’avant-garde unique en France. Le toit-terrasse, accessible et transformé en jardin suspendu, accuse encore la radicalité de cette composition. De façon très précoce dans l’histoire de l’architecture, sont mises ici en place les bases de la nouvelle architecture moderne : formes géométriques pures, absence de décor, pilotis, toit-terrasse, fenêtre en longueur, Cinq points pour une architecture nouvelle que Le Corbusier énoncera en 1926.